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 Source : Liberation (21/09/2002)    Source : Le Monde (21/09/2002)
[Articles du 21/09/2002] - [ Periode : 09-2002 (73 articles)] - [ Source : Liberation (36 articles)]

Article paru le 21/09/2002 - Cet article est la propriété du journal ou société : Liberation

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Un bilan humain impossible


Le nombre de blessés liés à l'explosion n'est pas déterminé.

Dans sa chambre de la clinique de rééducation de Verdaich, Jean-Michel, 41 ans, est heureux de pouvoir croiser une jambe sur l'autre. Sinon, il est paraplégique. Il explique sans un seul mouvement du corps ni de la tête qu'il ne sait pas s'il pourra «retravailler» un jour. Le bonhomme est solide, impressionnant de retenue. Il ne pleure qu'au bout de vingt minutes ­ «J'ai un gamin de 9 ans qui me demande si on refera du vélo.» Les larmes ne lui font pas baisser le regard. La tête reste résolument droite, le propos à peine haché : «Il me faut faire avec ça.» Ecrasé dans l'effondrement des établissements Brossette, à deux pas de l'usine AZF, le chauffeur-magasinier Jean-Michel est un des quatre cas neurologiques les plus lourds parmi les 2 567 victimes ayant fait à ce jour l'objet d'un rapport d'expertise médico-légale.

Deux élèves du lycée Gallieni ne sont pas assurés non plus de retrouver une scolarisation normale. «L'un d'eux avait des morceaux de Placoplâtre fichés dans le crâne jusque dans la cervelle», raconte le médecin chef de rééducation fonctionnelle de Verdaich, Jacques Clamens. L'autre élève a quitté la clinique. La quatrième de ces cas neurologiques lourds est Géraldine Mackie. Cette enseignante d'anglais de 50 ans est restée ensevelie cinq heures et demie sous le béton du même magasin Brossette. Paraplégique, elle aussi. Mais elle s'est levée et a marché. Elle boitille aujourd'hui en présidant l'association Vivre après l'explosion d'AZF. «J'en ai ras le bol que l'on parle toujours d'abord des dégâts matériels.» Elle s'en est plainte au Pdg de TotalFinaElf. Elle lui a dit aussi que la stèle à la mémoire des victimes du site AZF était un «bâtiment de la honte». Les familles des trente victimes de l'explosion étaient toutes invitées à l'inauguration. «Mais il n'y avait sur la stèle que les 21 noms des salariés d'AZF. Une femme qui n'y a pas trouvé le nom de son frère, tué hors du site, a eu une crise d'hystérie devant le monument...»

Décompte. Les trente victimes d'AZF pourraient être trente et une. Une vieille dame de 83 ans est tombée chez elle, surprise par l'explosion, au 235 de l'avenue de Muret. Mais son décès est dû selon les médecins légistes à une «décompensation cardiaque» survenue quatre jours après la catastrophe. Il n'y a selon la PJ que 28 décès directement liés à l'explosion, dont 21 ouvriers d'AZF et un de la SNPE voisine. En dehors du site chimique, un mort à EDF, un chez Brossette, deux chez Speedy, un au lycée Gallieni, un rue d'Ukraine. Sont encore décomptés deux décès indirects pour lesquels les légistes ont noté comme cause éventuelle «les effets néfastes du vécu de l'explosion et ses conséquences traumatiques»... Géraldine Mackie se méfie des chiffres. Son association recense «au moins» 4 194 blessés. La préfecture de Haute-Garonne n'en dénombre que 2 567. Et un bilan de la mairie citant le Samu 31 en compte 3 500.

Traumatisme. Le Centre hospitalier universitaire publie des statistiques réalisées sur les 226 personnes hospitalisées au moins une nuit le 21 septembre : 22 % l'ont été pour des «traumatismes de la peau ou des tissus sous-cutanés», 21 % pour des «traumatismes du système nerveux» et 20 % pour des «traumatismes de l'appareil musculo-squelettique et du tissu conjonctif». Les services de l'Education nationale expliquent que «de 4 à 6 %» des personnels et des élèves ont été atteints de troubles ORL. Et la caisse de Sécurité sociale recense 890 victimes ayant bénéficié de la couverture maladie exceptionnelle, et 4 000 accidentés du travail. On est prié d'additionner soi-même les carpes et les lapins... Le comité de suivi épidémiologique reconnaît qu'«il est impossible de mettre toutes ces données en corrélation». Mais il comptabilise au final 8 133 blessés expertisés ou en attente de l'être. Ce brouillard statistique agace Géraldine Mackie. Elle est persuadée que «les politiques» ont «la volonté d'occulter les dégâts humains». Dans son désarroi, elle a pourtant au moins un chiffre que personne ne conteste : l'explosion d'AZF a fait «32 borgnes et 1 aveugle» de plus à Toulouse.


 Source : Liberation (21/09/2002)    Source : Le Monde (21/09/2002)

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